L’évolution du marché de la lutte anti-nuisibles

du tout chimique au Pest Management

Longtemps cantonnée à l’appâtage systématique et aux traitements chimiques de routine, la lutte anti-nuisibles a opéré une transformation radicale. En l’espace d’une décennie, ce secteur discret s’est structuré autour de trois piliers majeurs : la réglementation renforcée, l’innovation technologique et l’impératif écologique.

Aujourd’hui, il ne s’agit plus simplement d’éliminer des nuisibles, mais de les anticiper, les cartographier et les gérer durablement, dans une logique de Pest Management intégré (IPM). Capteurs connectés, IA prédictive, normes, approche écoresponsable : le marché se digitalise, se professionnalise, et devient un maillon stratégique de la sécurité sanitaire et de la santé publique.

1 - Vers l'encadrement plus strict des biocides

Face aux risques environnementaux et aux risques pour la santé humaine (l’empoisonnement secondaire ou non cible, la pollution de sols et des eaux, le développement des résistances, etc), l’utilisation des rodenticides est de plus en plus encadré et réglementé.

Longtemps considéré comme un moyen de lutte efficace et préventive, “l’appâtage  permanent” a rapidement montré ses limites. La technique consiste à mettre des appâts chimiques en permanence pour prévenir les infestations. Elle était largement utilisée dans les industries alimentaires, en agriculture, en entrepôts, etc.

Mais les rats ont développé des résistances aux certaines AVK rendant certaines molécules raticides inefficaces.

Face aux nombreux risques que l’utilisation de biocides peut représenter, voici les différentes mesures prises par l’État :

  • la fin de l’appâtage permanent depuis 2017, les rodenticides peuvent être utilisés uniquement en cas d’infestation avérée avec des preuves de présence de rongeurs et sur une durée limitée. Cela implique également le renforcement de traçabilité des actions mises en places et les contrôles de passage avec des relevés et des rapports ;
  • l’interdiction de mises sur le marché de certaines substances : les produits de lutte contre les nuisibles (rodenticides, insecticides, répulsifs…) sont soumis aux AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) attribuées par l’Anses et encadrées par le règlement européen concernant la mise à disposition sur le marché et l’utilisation des produits biocides (règlement UE N°528/2012)
  • l’obligation pour les professionnels de détenir le certificat Certibiocide pour la manipulation de produits chimiques. Vous pouvez vérifier la validité d’un certibiocide en renseignant le nom, prénom et n° de certibiocide d’un professionnel sur ce site : https://certibiocide.din.developpement-durable.gouv.fr/ ;
  • Normes et exigences réglementaires partout : HACCP, Plan de maîtrise sanitaire, ISO 9001, ISO 22000, ISO 27001 (aspirant aux marchés agroalimentaire, santé, logistique). Établissements alimentaires obligés de justifier l’absence de nuisibles (règlement CE 852/2004).

2 - Les innovations technologiques contre les rongeurs

En 2015, les dératiseurs utilisaient encore majoritairement des pièges mécaniques, des rodenticides (produits chimiques) et des appâts traditionnels. En 2025, place aux capteurs IoT, pièges connectés, systèmes automatisés de détection de rongeurs et produits de proofing professionnels.

Les avancées technologiques telles que la détection de présence par chaleur et par mouvement ont permis de développer des outils de suivi et de monitoring de présence de nuisibles.

Les avancées technologiques telles que la détection de présence par chaleur et par mouvement ont permis de développer des outils de suivi et de monitoring de présence de nuisibles.

Ils répondent également aux enjeux de traçabilité renforcée demandée lors de contrôles techniques mais aussi pour répondre aux exigences des normes, des audits et de référentiels qualité tels que IFS ou BRC.

Ces outils permettent de suivre l’activité de nuisibles, d’alerter en cas de présence, d’analyser les actions mises en place, cartographier et d’établir des reportings et mapping précis. Ils peuvent être utilisé seul ou intégrée dans les solutions de capture. 

Les solutions de capture sont également métamorphosées. Même si les tapettes mécaniques sont encore largement utilisées, les boîtes multi-captures prennent leur place mérité sur le marché de la dératisation.

Pourquoi ? Car ils représentent de nombreux avantages :

  • capture en continu de plus de 20 rongeurs par un seul piège,
  • connectivité pour le suivi optimal,
  • complètement hygiénique sans aucun contact avec les nuisibles,
  • conforme aux principes HACCP
  • adaptés aux environnements les plus stricts.

L'intelligence artificielle entre en jeu

Les algorithmes d’IA analysent les données issues des capteurs pour prédire les infestations, proposer des plans d’action personnalisés et réduire l’usage des produits chimiques. Le métier devient plus analytique et stratégique.

3 - Les attentes des parties prenantes

De nombreuses études ont démontré des effets néfastes de produits chimiques sur l’environnement et la biodiversité. Les attentes des parties prenantes changent et ainsi les méthodes qui privilégient aujourd’hui la stratégie de Pest Management avec des solutions plus durables et respectueuses sont à privilégier 

Ces changements poussent les professionnels de 3D  à proposer des solutions alternatives aux biocides, à changer et/ou combiner des méthodes et à adopter leurs offres.

4 - Les contrôles sanitaires renforcés

Depuis la mise en place de la réforme de la sécurité sanitaire, les contrôles sanitaires ont explosé en 2024 : plus 80 % d’inspections dans les établissements en contact direct avec le consommateur.

Abattoirs, commerces de détail (métiers de bouche, restaurants, supermarchés, marchés, vente à la ferme, etc.), restaurants collectifs et établissements agroalimentaires sont concernés par cette réforme.

Dans 60 % des cas, ces contrôles ont abouti à des mesures administratives : avertissements, mises en demeure, procès-verbaux, voire fermetures temporaires ou définitives.

Les contrôles accrus pour la sécurité sanitaire des aliemnts

Certaines préfectures ont opté pour une transparence totale, publiant les résultats des contrôles sur leur site ou via des communiqués avec des images à l’appui. La présence de rongeurs  est souvent pointée du doigt.  

Depuis le 3 avril 2017, les résultats de contrôles sanitaires sont en accès libre pour les consommateurs et consultables sur le portail dédié Alim’Confiance.

Les établissements sont notés par des mentions relatives à chaque niveau d’hygiène : très satisfaisant, satisfaisant, à améliorer, à corriger de manière urgente.

vignettes niveau d'hygiène

Cette visibilité accrue a également été relayée par les médias, qui n’ont pas hésité à faire du bruit autour ces établissements en infraction — y compris parmi les enseignes les plus réputées.

Ces résultats témoignent d’un changement de cap clair : les autorités sanitaires affichent leur volonté de renforcer la vigilance et de faire de la sécurité des consommateurs une priorité absolue.

5 - L'apparition de nouvelles espèces nuisibles non-indigènes

Le métier de 3D rencontre de nouveaux défis en lien avec l’apparition de nouvelles espèces nuisibles introduits en France volontairement ou involontairement  les dernières décennies.

Quelques exemples d’espèces exotiques envahissantes en métropole :

  • le ragondin (Myocastor coypus) et le vison d’Amérique (Neovison vison), introduits volontairement pour l’exploitation de leur fourrure ;
  • le frelon asiatique (Vespa velutina) ;
  • la jussie rampante (Ludwigia peploides)
  • moustique tigre (Aedes albopictus)

Source : https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/especes-exotiques-envahissantes

Certaines espèces exotiques envahissantes représentent un risque pour la santé humaine. C’est le cas du moustique tigre (Aedes albopictus) arrivé en France 2004, il est aujourd’hui implanté dans 81 départements métropolitains (sur 96), selon Santé publique France. Ce dernier expose le pays à un risque de dengue, de chikungunya et de Zika.

Ou encore, le frelon asiatique, une espèce invasive apparue en 2004, désormais présente sur tout le territoire métropolitain et en expansion vers la Belgique, Suisse et Espagne.

Le défi est majeur car la différence avec une moustique commune est significative. Ainsi les moyens de lutte doivent évoluer et être adaptés à cette espèce.

Les clients, de plus en plus informés et soucieux de leur santé, valorisent ces démarches. Pour les établissements hôteliers et de restauration, proposer un espace extérieur propre, sain et protégé naturellement devient une composante essentielle de l’expérience client.

https://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-pme/notre-business-est-promis-a-de-beaux-jours-lenvol-de-la-lutte-anti-moustiques-2173336

6 - Le réchauffement climatique et la densité de plus en plus forte accélère la prolifération des nuisibles

Selon une étude parue dans la revue Science Advances samedi 31 janvier 2025, le changement climatique est l’une des principales raisons qui contribue à la hausse des populations de rats en ville.

Qui dit hiver doux dit les températures plus propice à la survie des rongeurs, une plus grande accessibilité de la nourriture, une maturité sexuelle plus rapide des rats ainsi qu’une ou deux portées supplémentaire par année.

Washington, New York ou encore Amsterdam font partie des nombreuses villes les plus touchées par ce phénomène parmi les 16 villes étudiées.

Le dérèglement climatique agit comme accélérateur de la prolifération, migration et reproduction de nombreuses espèces nuisibles.

https://www.noovo.info/nouvelle/les-rats-profitent-des-changements-climatiques-pour-proliferer-dit-une-etude.html

7 - Du Pest Control au Pest Management

La réglementation plus stricte, les attentes des parties prenantes et les impacts environnementaux poussent à modifier profondément les méthodes de lutte anti-rongeurs.

La lutte anti-nuisible ne se résume plus à l’utilisation pure de produits chimiques mais à ensemble de méthodes et des solutions qui constituent une boîte à outil PCO ou la prévention et le monitoring jouent un rôle crucial.

La lutte intégrée anti-nuisibles (IPM – Integrated Pest Management) s’impose désormais comme une alternative durable, conforme, et efficace.

C’est une approche globale, basée sur 4 piliers :

  • Prévention
  • Surveillance
  • Intervention ciblée
  • Amélioration continue

 

L’objectif ? Réduire les risques, sécuriser les sites, limiter les traitements chimiques et garantir la conformité aux normes (CE 852/2004, IFS, BRC…) et privilégier la base de la pyramide IPM ci-dessous. 

La pyramide de l'IPM

Mais surtout, l’IPM permet de passer d’une stratégie curative à une stratégie proactive. On ne traite plus les infestations : on les empêche.

Loin d’être une tendance, c’est aujourd’hui une nécessité. Pour la sécurité alimentaire. Pour l’environnement. Pour l’avenir.

Pour plus d’information sur la lutte intégrée anti-nuisible consultez notre page dédiée : https://www.ratdown-pestcontrol.com/lutte-integree-anti-nuisibles/

Conclusion

En résumé, la lutte anti-nuisibles a quitté l’ère de la dératisation ponctuelle et mono produit pour entrer dans celle du Pest Management intégré, stratégique et durable.
 Ce changement illustre une évolution plus large de notre rapport à l’hygiène publique, à la sécurité alimentaire et à l’équilibre écologique.

Face à des nuisibles plus résistants, des environnements urbains densifiés et des exigences réglementaires accrues, la combinaison de leviers complémentaires devient indispensable : formation continue des équipes, rat proofing structurel, détection précoce, répulsion ciblée, capture raisonnée et monitoring intelligent.

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