Fin de l'appatage permanent :
et si c'était une bonne chose ?

Fin de l'appatage permanent - Ratdown

L’annonce par le gouvernement de la fin de l’appatage permanent dans la lutte anti-rongeurs (il y a 2 ans) continue de faire l’effet d’une bombe chez les professionnels du secteur.

On a l’impression que cette technique constitue (et a toujours constitué) l’unique rempart connu pour lutter efficacement contre les infestations de rongeurs.
Avec son interdiction (dans sa forme permanente, rappelons-le) on prédit des infestations en série. La santé publique de notre pays est sérieusement mise en péril (rappelons que le risque sanitaire existe bel et bien). On cherche maintenant de nouveaux moyens de luttes efficaces pour prendre la relève, qu’ils soient autorisés ou non…

Pour rappel, en France l’appâtage permanent est totalement interdit, depuis le renouvellement des autorisations de mise sur le marché (AMM) des biocides par l’ANSES .
Cette interdiction porte sur l’usage PERMANENT des biocides. Leur usage ponctuel est permis dans le cadre de la régulation de la population de rongeurs en cas d’infestation avérée. Les rodenticides ont donc encore quelques beaux jours devant eux. D’autant que la technique en elle-même
n’est pas remise en cause. En effet, les professionnels utilisent des placebos pour constater l’infestation, avant d’installer des rodonticides.

Pourquoi l’État français a-t-il signé la fin de l'appatage permanent ?

L’appâtage permanent ne permet pas de ne cibler que les nuisibles visés : d’autres animaux ingèrent directement ou indirectement les substances toxiques  : via un accès trop facile à l’intérieur du poste d’appâtage (insectes, petits oiseaux…) ou via la consommation d’animaux contaminés. En effet, le risque de contamination de la chaîne alimentaire est important. Cela est moins vrai lorsque les postes d’appâtage sont positionnés en intérieur. Mais avec un effet létal de 3 à 10 jours, les animaux contaminés peuvent mourir bien loin des pièges, en pleine nature ou en cœur de ville.

Ils impactent l’environnement. On retrouve des cadavres d’animaux contaminés et des traces de produits chimiques en pleine nature. parfois dans des cours d’eau.

De nombreuses études montrent que les rongeurs développent des mutations qui leur permettent de résister aux effets des rodenticides. Pour continuer à être efficaces, on augmente leur toxicité. Jusqu’à ce que les rongeurs s’adaptent encore. Un cycle sans fin.

Ne pas utiliser systématiquement ces substances leur permet donc de conserver une efficacité plus longue dans le temps. Ils restent ainsi très utiles en cas d’infestation.

L’usage de l’appâtage permanent est très répandu et relève presque de la tradition chez les PCO (Pest Control Officer, prestataire 3D en français). Cette technique démontre quotidiennement son efficacité. Et pourtant on voit bien, en se promenant dans des squares en ville, en lisant l’actualité riche de faits divers concernant les rats et leurs dégâts, en consultant des études, que cette technique peine à remplir son rôle de régulation des populations de rongeurs. Elle ne correspond plus aux attentes du public, notamment celles de prévention des infestations.

Une solution de moins en moins efficace

Différentes études vont dans ce sens de manière non équivoque. Les rongeurs s’adaptent aux générations successives de rodenticides. Ils sont moins efficaces dans leur fonction première, et deviennent de plus en plus nocifs pour les animaux non ciblés. A cela s’ajoute l’utilisation quasi systématique des postes d’appâtage. Comme si elles représentent la réponse unique au infestations de rongeurs,  occultant de fait toutes les autres méthodes , pour certaines pourtant en place depuis de très nombreuses années.

Quand je dis cela, je pense par exemple à ces centaines de boites d’appâtage que l’on a pu voir ceinturer des bâtiments de l’industrie agro-alimentaire, alors que la source d’alimentation naturelle des rongeurs ciblés n’est pas protégée : fissures et points d’entrée non colmatées, réserves extérieures exposées…

Avec cette restriction d’utilisation des rodenticides, certains professionnels revoient  leurs méthodologie et leur approche des problématiques rongeurs. Ils s’ouvrent à d’autres techniques dont ils avaient peu ou pas connaissance. Ils endossent également un rôle de conseil auprès de leur clients. Ils leur présentent la palette de solutions adaptées parmi celles, nombreuses, constituant la boite à outils du PCO.

Fin de l'appatage permanent dans la lutte anti-rongeurs - Ratdown
Lle recours systématique l'appâtage permanent a sans doute contribuer à sa perte d'effiacité.

Quelles sont les alternatives à l'appatage permanent ?

 On parle alors de l’émergence de méthodes alternatives, dont l’efficacité est régulièrement, souvent sans fondement, remise en cause. Je n’aime pas ce terme « alternative », parce qu’il sous-entend qu’elles sont un palliatif. De surcroit peu efficace ne cesse-t-on de répéter en boucle.

Et c’est peut-être là que le bât blesse vraiment. Ce leitmotiv : « Des solutions alternatives existent, mais elles sont peu efficaces. » Sans argumentation, ou  étude scientifique à l’appui. Il n’est même pas fait de distinction entre les différentes solutions alternatives. Elles sont toutes jugées inefficaces face aux rodenticides. Et pourtant la baisse d’efficacité de ces dernier est mesurée et documentée.

Rappelons que le champs des solutions alternatives est vaste, varié et qu’il n’interdit pas la combinaison de ces systèmes entre eux, bien au contraire. Ensemble, elles  apportent une réponse adéquate et raisonnée à la problématique du client. Elle n’interdit pas ponctuellement l’usage de rodenticide. Elles placent souvent la prévention anti-nuisibles au cœur du protocole de lutte. Le principe de lutte intégrée anti-nuisibles en est le parfait exemple !

Évoluer pour répondre aux besoins des professionnels

Ces solutions semblent toujours considérées comme des alternatives émergentes, alors qu’elles font pourtant leurs preuves depuis 10, 20, 40 ans. De l’introduction de prédateurs naturels à la répulsion par ultrasons en passant par l’optimisation de l’herméticité des bâtiments ou l’usage de capteurs qui mesurent l’activité des rongeurs en temps réel… Tous ces procédés fonctionnent, sont performants et ce sont les utilisateurs qui le disent :

  • Les industriels pour qui la prévention du risque nuisibles est primordiale au quotidien. Ils ne peuvent pas se contenter du constat d’un passage de rongeurs dans une boite d’appâtage.
  • Des enseignes alimentaires, qu’elles soient de proximité ou hypermarchés, qui savent qu’il n’est plus possible de laisser mourir une souris sur une plaque de glu positionnée sous un rayonnage. Autant pour une question d’hygiène que pour une question d’image.
  • Le monde agricole qui voit les réserves de grain durer plus longtemps au bénéfice de l’alimentation de leur élevage, plutôt que de servir à celle des rongeurs.
  • Certains particuliers qui, dès qu’ils doivent gérer plus d’une ou deux souris, constatent assez rapidement les limites des produits proposés en grande surface.
  • Les restaurateurs, qui jouent la réputation de leurs établissements à chaque service…

La société évolue, ses attentes et ses priorités également. Le bien-être animal et l’impact environnemental comptent de plus en plus dans nos décisions quotidiennes.

La fin de l’appatage permanent a cela de bénéfique qu’elle fait évoluer la profession au même rythme. Les PCO s’ouvrent à de nouvelles techniques,  développent de nouvelles approches de la lutte anti-rongeurs. Ils apportent des solutions adaptées, raisonnées et performantes à chaque situation.

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